jeudi 15 février 2018

Jean-Paul Didierlaurent et son Liseur du 6h27

Je viens de lire le roman phénomène de Jean-Paul Didierlaurent (l'homme aux quatre prénoms), et j'ai trouvé des personnages, surtout des personnages qui sont imbriqués dans une intrigue plutôt simple et sympathique : une histoire de solitudes.
Le liseur de 6h27 commence par quelques épisodes que j'ai trouvés peu attirants, car ils correspondent à la description du travail du personnage principal. Si les détails de la machine qui est son principal outil de travail n'accrochent pas tout de suite, ils sont indispensables pour comprendre l'état d'esprit de Vilain Guignol, notre héros. À cela s'ajoute le fait qu'il est entouré d'êtres particuliers, les uns parce qu'ils sont aussi attendrissants que lui, les autres, parce qu'ils représentent une ambition et une méchanceté qui contraste avec lui. Finalement, ces chapitres se sont revelés fondamentaux, et sans nous rendre compte, les lecteurs sommes emmenés intelligemment à la situation qui sert de départ à l'histoire : la découverte de la clé USB.
Mais, à part l'intrigue, ce sont les personnages, principaux ou secondaires, qui font la force du roman. Ils sont tous considérés à travers du regard de Vilain Guignol, et les surnoms qu'il leur donne nous font comprendre l'essence de chacun, et leur rôle dans l'histoire.
Une autre chose que j'ai apprécié : la fin, ni ouverte, ni fermée, mais juste posée là, comme pour nous dire que ce qu'on raconte, c'est tout ce qui pourrait nous intéresser. À lire, dans le métro ou ailleurs!

lundi 30 novembre 2015

La ferme africaine ou le pays fascinant

Après 120 pages, ça m'a saisi, j'ai pu dire "ça m'intéresse, ça me plaît, j'ai envie de continuer à lire".
Il n'y a pas longtemps, on a parlé de Karen Blixen à l'occasion de la sortie d'un roman qui lui est consacré, par Dominique de Saint Pern, et sa réapparition soudaine dans les médias, ainsi que le cadeau d'un exemplaire de La ferme africaine, fait à l'école par un de mes élèves (merci, Paco!), m'ont poussée à lire ce livre ; je l'avoue, le souvenir du film de Sydney Pollack aussi, l'un des premiers films que je me souviens d'avoir vu au cinéma.
Si j'ai eu du mal à connecter, 120 pages après j'étais ravie. Le regard poétique sur l'Afrique nous porte sur le continent à une époque un peu naïve, où les Européens se promenaient par le monde comme des nouveaux propriétaires (je me demande maintenant si ça a beaucoup changé). Dans ce contexte, les réflexions de Karen Blixen sur les rapports entre les Blancs et les Noirs s'avèrent assez neutres, sans se poser d'autres questions que de rendre compte des observations (toujours avec un peu de condescendance, bien sûr, propre à l'époque). 
Le chapitre sur les femmes nègres est remarquable par la reconnaissance de la différence, de la beauté et de la dignité, et les comparaisons ne se font jamais dans le but de rendre la femme blanche supérieure, mais elles sont le fruit d'une admiration réelle.
Mais le plus beau et ce qui touche le plus le lecteur est l'émerveillement devant la nature et les animaux (malgré le fait que la chasse apparaisse comme une activité agréable et courante). Le chapitre où elle raconte le vol avec Denys Finch Hatton, et la contemplation des paysages africains finit le tableau d'un monde parfait, en déclarant simplement être "dépourvue des mots pour peindre ce que l'on éprouve en volant". 
À tout cela, il faut ajouter aussi la signification de la propre Karen Blixen, une femme qui a décidé de sa vie à une époque où tout s'y opposait. 
Envie de partir en Afrique au début du XXe siècle! 
Je le sais, trop tard...

dimanche 18 octobre 2015

Charlotte, de David Foenkinos : le drôle essaye de devenir sérieux

En commençant ce livre, j'ai trouvé que le style ne correspondait pas du tout à l'auteur. En le finissant, j'ai pensé que, finalement, ce n'était pas aussi important.
Après Le potentiel érotique de ma femme, après En cas de bonheur, après le succès de La délicatesse, tous des romans assez ludiques et légers, où l'auteur essayait de chercher une façon différente de nous raconter des drames de la vie quotidienne, David Foenkinos raconte l'histoire de Charlotte Salomon, jeune peintre morte au champ de concentration d'Auschwitz en 1943. Un vrai drame, donc. Une histoire réelle en plus. Et il la raconte avec une drôle de rédaction, où les phrases n'occupent jamais plus d'une ligne, comme s'il avait le souffle coupé par l'émotion. C'est d'ailleurs ce que le narrateur explique quand il reprend la première personne et nous raconte ses recherches, ses découvertes, sa fixation.
Autoportrait de Charlotte Salomon (1940)
Cette façon d'écrire lui réussi-t-elle? À vous de voir! En flânant sur Internet, on trouve des critiques assez mordantes comme celle-ci ou plus élogieuses, comme celle-là, à l'occasion du prix Renaudot décernée à ce roman.
L'avantage, pour les apprenants de français : les phrases courtes ne fatiguent pas, le drame est plus supportable, la langue est plus accessible tout en gardant sa poésie. Allez-y, osez Charlotte!

Quizz visuel : où est la vrai Charlotte, en haut ou en bas?

dimanche 4 octobre 2015

La rentrée des livres, la rentrée des polars

Alors que le mois d'octobre commence, je repense à une vidéo que j'ai vue avec mes élèves la semaine dernière, où on nous conseillait, pour prolonger l'état d'esprit des vacances et ne pas trop stresser à cause de la rentrée, de continuer à lire ce roman que nous avions commencé à la plage, à la montagne, pendant l'été. 
Et cet été, pour moi, a été consacré à Fred Vargas et à son personnage, le commissaire Adamsberg, ce policier étrange, pour qui le raisonnement logique ne fait pas partie des outils du métier. Ce commissaire qui se laisse emporter par une ombre, une odeur, une image de publicité aperçue dans la rue, un souvenir lointain... Ce commissaire qui représente aussi bien l'inspiration dont parle l'auteure dans un entretien : «Ce n'est pas moi qui choisis mes idées mais mes idées qui me choisissent». Sans doute, Fred Vargas a réussi plusieurs paris, celui de créer un personnage avec un caractère aussi bien marqué que Maigret (Georges Simenon) ou que San-Antonio (Frédéric Dard) n'est pas des moindres.
Cela dit, le vent lui était favorable, puisque le polar connaît un succès sans limite: la preuve, cette émission de France Inter, Pop Fiction, qui nous a fait une belle introduction des polars qui nous attendent cette saison dans les librairies. 
Aurons-nous le temps (météorologique aussi, bien sûr! Il est tellement difficile de rester à la maison avec son livre, pendant que dehors c'est encore l'été!) de tout déguster? 

"Pas question d'aller au boulot avant d'avoir fini ce chapitre..."


mardi 12 mai 2015

Nos six livres fondateurs

D'après vos commentaires, voilà notre liste de six livres fondateurs. Comme vous avez dit en cours, ce n'est pas une liste représentative de la classe : bien que les deux premiers livres correspondent à des lectures assez "universelles", d'autres titres ont été choisis parce que nous les avons découverts il n'y a pas longtemps, et ils ont été commentés parce qu'ils ont motivé de futurs lecteurs.
Toutefois, l'objectif est atteint : nous avons parlé et écrit sur les livres et la lecture, et nous avons trouvé des suggestions de lectures pour l'avenir.
Continuez à nous suggérer des livres, fondateurs ou pas, bouleversants, choquants, tendres, apaisants... toutes les lectures sont bonnes pour l'esprit!



dimanche 10 mai 2015

Le livre fondateur de Juan Carlos Gallardo



J'ai choisi Le Petit Prince, je risque de ne pas être original, même s'il peut paraître que j'ai choisi ce livre pour faire plaisir à tout le monde, j'adore ce livre vraiment.
C'est le premier livre que j'ai lu en français, il était obligatoire dans mon lycée (comme dans tous les lycées). Je l'ai lu et relu plusieurs fois avec plaisir.
Notre petit prince raconte à un aviateur perdu dans le désert son voyage depuis sa petite planète jusqu'à la terre, en passant par des planètes très bizarres où habitent des personnages très drôles.
Je crois que ce livre transmet la paix au lecteur parce qu'il parle en même temps de l'individualité et l'importance des proches et de nos êtres aimés, et de l'insignifiance de  nous tous au milieu de beaucoup de millions de personnes, toutes semblables.
Les nombreux personnages des planètes ont chacun d'eux une vie dédiée au travail, aux chagrins, à la recherche de quelqu'un qui l'aime. Le petit prince dit qu'ils sont de grandes personnes.
Des citations que j'ai toujours aimées :

« Il est contraire à l'étiquette de bâiller en présence d'un roi,...– Je ne peux pas m'en empêcher ….– Alors, lui dit le roi, je t'ordonne de bâiller »

« – Pourquoi bois-tu ? lui demanda le petit prince. …..– Pour oublier que j'ai honte, ….– Honte de quoi ? …...– Honte de boire !... »

« – Cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un. Je suis sérieux, moi, je suis précis.. »

« – Mais pourquoi viens-tu de le rallumer ? – C'est la consigne, répondit l'allumeur. – Je ne comprends pas, dit le petit prince. – Il n'y a rien à comprendre, dit l'allumeur. La consigne c'est la consigne... »

C'est un livre qui vous touchera si vous ne l'avez pas encore lu (les gens qui ne l'ont pas encore lu sont rares comme la merde de pape). Au revoir!

Le livre fondateur de Mariló Vaquero



La première année que je suis rentrée à l'école, notre prof de français
nous a proposé de lire un petit livre de  poche appelé Monsieur Ibrahim
et les Fleurs du Coran d'Éric-Emmanuel Schmitt.
J'avoue qu'au premier moment je le trouvais un peux ennuyeux, mais à
mesure que je lisais, le contenu du livre me plaisait de plus en plus. On
peut dire que je commençait à être sur un petit nuage.
À Paris, le propiétaire d'un magasin musulman, un épicier,
devient l'ami d'un garçon juif, un adolescent affectueusement
surnommé Momo.
Monsieur Ibrahim, lui donne l'amour paternel et l'enseigne aussi
la connaissance du Coran. Il était un grand penseur et il a
toujours eu la bonne réponse pour Momo. Sa religion était le
"soufisme" ou la religion intérieure. Il était toujours en train de
sourire et sa devise principale était : "la lenteur, c'est le secret du
bonheur.
Dans un permier moment, ils n'ont pas beaucoup de choses en commun,
mais ils apprennent qu'ils peuvent enrichir leur existence. La chance
de Momo était de son côté pour rencontrer M. Ibrahim.
Momo est un enfant de onze ans qui se sentais seul et annulé par un
père qui n'exprime pas son amour, il se sentait perdu dans la vie.
C'est un enfant qui a l'esprit de vaincre et beaucoup de force
intérieure pour continuer à la recherche du bonheur.
Pour conclure, je veux dire que ce petit livre m'a fait réfléchir
sur les choses qui n'ont apparemment pas d'importance et, fréquemment
les apparences sont trompeuses.

Le livre fondateur de Julia Oliva



J´ai trouvé Orsenna à Nöel 2008, à Paris.
Comme chaque année, depuis les trois précédentes, je m'étais baladée dans les rues de Paris la dernière semaine de Décembre.
J´adorais visiter ses librairies et profiter en regardant "leurs habitants en papier".
Un matin, La Grammaire est une chanson douce est apparu devant mes yeux dans une étagère d'une librairie du Quartier Latin.
En tant que philologue, le titre attira rapidement mon atention. Je l'acheté et j'ai commencé à le lire.

À partir de ce moment, j'ai commencé à connaître un univers, à mon avis très intelligent et drôle, et une façon d´enseigner la structure de la langue francaise







lundi 4 mai 2015

Le livre fondateur d'Ismael


C'est vraiment difficile d'en choisir un seul parce que j'ai lu autant des livres merveilleux qui ont marqué m'a vie que j'ai dû bien réfléchir. Il y a des livres qui m'ont encouragé à lire quand j'étais petit, d'autres qui m'ont transporté à des pays lointains, vivre des anciennes époques ou sentir des émotions profondes. Je pourrais dire de nombreux bouquins mais la vérité est que le premier qui m'a bouleversé  est Légendes de Gustavo Adolfo Bécquer. Je l'ai lu quand j'étais au lycée avec plus au moins quinze ans parce que notre professeur de Langue Espagnole nous l'avait demandé et, après avoir lu la première légende, j'ai été complètement touché par le mystère qui entoure chaque histoire.
Puisqu'il s'agit de beaucoup de petites histoires populaires, on peut les lire facilement et rapidement pendant qu'on est envahi par un monde magique et surnaturel, plein de superstitions. Chaque histoire est un univers différent qui nous fait sentir le plus profond des émotions humaines comme la passion, l'amour ou la religiosité mais aussi la vanité, la méchanceté et la fierté.
Il faut que je  remarque ma légende préférée, c'est  « Le baiser », l'histoire tragique d'amour d'un soldat français qui est tombé amoureux de la statue de marbre de la tombe d'une belle femme à Tolède. La manière de transmettre la tension et la peur m'a bien percé à chaque mot que je lisais sans pouvoir arrêter de lire le surprenant, à la fois que terrifiant, final.
À mon avis, l'une des choses le plus belles de lire est d'éprouver toute sorte de sentiments et d'émotions inattendus, c'est la capacité de nous faire sentir dans la peau du personnage et dans l'histoire qu'on raconte comme si c'était notre propre vie. Il n'y a pas beaucoup de livres qui réussissent ça, mais les Légendes de Gustavo Adolfo Bécquer est l'un d'eux, sans aucun doute, je le recommande absolument.

Le livre fondateur de Rafael Raya



Même si ce livre est un classique de la littérature française contemporaine duquel on a fait plusieurs adaptations théâtrales et cinématographiques, je ne l'avais lu jusqu'à il y a deux mois, par recommandation d'un ami. Le livre se développe sous la forme d'un journal écrit par Célestine, sa protagoniste incontestée. À travers elle son auteur, Octave Mirbeau, critique avec férocité la société bourgeoise française et européenne du début du XXème siècle. Une Europe qui s'achemine vers l'une des massacres les plus grandes de son histoire.

Le journal, comme genre littéraire, est spécialement bien choisi à cause de son vérisme. Célestine nous décrit l'intimité des différentes maisons où elle a servi comme domestique et nous peint un tableau complet des misères humaines auxquelles elle même ne peut pas se soustraire à cause de son déclassement. C'est cela le grand discernement du roman. Célestine/ Mirbeau se présente elle-même comme un être « disparate », « un monstrueux hybride humain », qui « n'est plus du peuple, d'où il sort », sans être pour autant « de la bourgeoisie où il vit et où il tend ».
En somme, je trouve ce roman très actuel et très recommandable parce que nous assistons maintenant à un type d'esclavage pareil à celui de domestiques de 1900, le travail précaire.